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Le monde "avec", 15 défis pour une société de conscience et de confiance

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Face à la crise sanitaire, économique et sociale liée à la pandémie de Covid-19 au printemps 2020, les membres de #PEPS soutiennent le principe d’une action concertée et collective, alliant solutions de court terme et vision d’avenir, pour tirer de cette situation inédite des enseignements utiles. La sidération suscitée par l’ampleur de cette crise et de ses effets (qui ne sont pas encore tous connus), et l’incertitude quant à ses conséquences, nous ont conduit à placer la résilience et la gestion du risque au coeur de nos propositions. Car nous croyons qu’il est plus utile de chercher à développer une culture du risque dans la vie quotidienne et les stratégies économiques  des françaises et des français plutôt que de chercher des coupables ou de rêver un grand lendemain qui déchante, nous avons fait du monde « avec » le fil rouge de notre contribution. 

Nous portons l’ambition de faire émerger en France une société de conscience et de confiance. Reconnaissant pleinement les risques qui pèsent sur elle - sociaux, économiques, environnementaux -, elle croit dans la capacité d'action de ses forces vives - citoyens, territoires, entreprises, chercheurs - pour répondre et s’adapter aux imprévus d’un monde en crise(s). Nous proposons de répondre à trois objectifs : faire évoluer notre rapport au monde, mettre en place une stratégie nationale partagée de résistance aux chocs, et assurer le rebond économique local.

 

I. Apprendre de la crise : pour un nouveau rapport au monde 

 

Forger une nouvelle frontière de la mondialisation 

- Faire rimer mondialisation et solidarité 

- l’Union européenne à l’offensive pour une mondialisation vertueuse  

- Miser sur la demande pour réorienter l’offre

 

Instaurer une relation apaisée entre l’homme et la nature 

- Mieux protéger les éco-systèmes 

- Promouvoir une alimentation de qualité

- Faire évoluer notre rapport au vivant

- L’océan au cœur des transitions

 

II. Vivre avec le risque : pour une France plus résistante aux chocs

 

Anticiper et prévenir les crises en mobilisant tous les échelons 

- L'Union européenne amplificateur de la résilience nationale

- Articuler les risques par une gestion plus proche du terrain

 

Repenser la structuration urbaine et territoriale 

- Concevoir des territoires résilients  

- Revitaliser les villes moyennes

- Mettre la planification territoriale au service de la coopération

 

Apprivoiser le numérique

 

III. Rebondir : pour un renouveau économique porté par les territoires

 

- Pour une gouvernance partagée de la reconstruction

- Faire de la transition énergétique le levier du rebond territorial     

- Réindustrialiser les territoires  

I. Apprendre de la crise : pour un nouveau rapport au monde 

Forger une nouvelle frontière de la mondialisation 

Sur les 75 dernières années, le développement considérable de la globalisation des échanges - qui existe depuis l’Antiquité - a beaucoup contribué à la croissance économique et à l'amélioration des conditions de vie. Mais de sérieux déséquilibres économiques, sociaux et environnementaux en ont découlé. Les spécialisations géographiques se sont fortement accrues. De nombreuses situations de dumping commerciaux, sociaux et environnementaux sont apparues. 

La coopération est une clé de la résilience. « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », dit l'adage. Or la mondialisation est un accélérateur des coopérations et les organisations internationales doivent être mobilisées face aux crises majeures. Repenser nos partenariats bi- et multilatéraux, notamment dans le domaine commercial (traités) est indispensable. La mondialisation doit trouver l’agilité nécessaire à l’adaptation locale ou temporaire en période de crise, en valorisant la proximité et « la garantie d’origine » comme des gages de bénéfices collectifs. 

La reconstruction post-Covid marque une nouvelle étape macro-économique. Après 30 ans de promotion du libre échange, de la réduction de la sphère publique et des budgets publics, nous entrons dans une période qui renforce le besoin d’investissements et de productions plus écologiques, plus sociaux et inclusifs et plus locaux, pour répondre aux inquiétudes nées de la crise. 

La mondialisation porte aussi des valeurs positives : l’ouverture sur le monde, la conscience d’une humanité planétaire à la richesse culturelle exceptionnelle, la connaissance des trésors de notre planète et de ses ressources limitées, qui contribuent à faire progresser le respect, la tolérance, et la protection de l’environnement.

La situation inédite du confinement généralisé est un événement de civilisation, qui peut changer la nature de la mondialisation et la structure du capitalisme, si nous concentrons leurs bénéfices sur nos biens communs : santé, climat, biodiversité.

 

Nous formulons 11 propositions à défendre via nos représentants politiques, économiques et associatifs pour faire rimer mondialisation et solidarité ; une union européenne à l’offensive pour une mondialisation plus vertueuse ; agir résolument du local au global.

Faire rimer mondialisation et solidarité

* IA1 : Porter une résolution européenne pour le renforcement du rôle de l’OMS

A l’heure où la Chine est pointée du doigt pour son influence douteuse sur l’organisation, et alors que les Etats-Unis veulent s’en éloigner, l’Europe peut s'affirmer dans l’OMS, et défendre le renforcement des missions de coordination de l'ensemble des acteurs publics et privés de la sphère santé (autorités nationales, et continentales, laboratoires pharmaceutiques, fondations privées…), pour développer des systèmes de monitoring et de lancement d'alerte plus efficaces.

* IA2 : Orienter le secteur financier vers la lutte contre le changement climatique

PEPS a publié en juillet 2019 « 12 propositions pour un système financier orienté massivement vers la transition écologique » que nous complétons en proposant de défendre lors de conférences internationales à vocation économique (G7, G20, Davos) la coopération internationale sur la lutte contre les paradis fiscaux, et la création d’un « Tribunal du carbone » pour intégrer le risque climatique dans les accords de libre-échange.

* IA3 : Faire des 17 Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD) l’outil commun d'évaluation des performances de l’Etat, des entreprises et des collectivités 

Le budget « vert » mis en place en 2019, qui différencie les dépenses nationales par leur impact sur l’environnement, pourrait être complété en ce sens. L'aide au développement en bénéficierait pour répondre à l’objectif 17 de renforcement des plans nationaux permettant d’atteindre dans tous les pays du Nord et du Sud les Objectifs de développement durable.

 

* IA4 : Intégrer la responsabilité sociale et environnementale dans le commerce international

La France doit défendre à l'OMC la possibilité pour les Etats (et l’Union européenne) d'adapter les règles commerciales pour protéger les biens communs que sont l’environnement, l'intégrité humaine et la cohésion sociale, tels qu’inscrits dans les législations sociales et environnementales des Etats, à l’issue de débats démocratiques légitimes. Ils doivent pouvoir imposer le respect de ces règles dans les produits importés. Il doit en être de même dans les traités bilatéraux. 

* IA5 : Mettre en valeur le secteur culturel dans la mondialisation

La France a la légitimité pour promouvoir l’exception culturelle dans le monde et au sein de la francophonie, et valoriser les talents et les identités locales. Les ressources audiovisuelles se sont révélées essentielles pour la population durant la crise sanitaire. La France est forte d’une expérience reconnue mondialement de politiques publiques ambitieuses de protection du patrimoine, d’archéologie préventive, de gastronomie et de valorisation des terroirs, d’édition, de production et de diffusion des oeuvres de cinéma et de spectacle vivant, de reconnaissance des conditions de travail spécifiques dans les milieux artistiques, de promotion de la création. Elle doit peser pour que ce secteur gravement touché par le confinement soit un bénéficiaire important des aides à la reprise, et mettre sa diplomatie au service d’une promotion mondiale des échanges culturels. 

 

L’Union européenne à l’offensive pour une mondialisation vertueuse 

Dans un contexte de confrontation USA-Chine et d’abandon du multilatéralisme comme modalité de prévention et de résolution des conflits, il revient à notre continent de rappeler l’importance d’une réponse collective aux défis de l’humanité que sont le changement climatique, l’épuisement des ressources et l’érosion de la biodiversité, le creusement des inégalités - et leurs effets alimentaires, sanitaires, migratoires… Savoir y répondre est une condition de la Paix dans le monde.

Touchée durement par la pandémie, et fragilisée par la concentration hors Europe des aires de production de certains biens essentiels, l’Union européenne doit renforcer sa robustesse face aux crises. Grand donneur d’ordres industriel et riche de ses 500 millions de consommateurs au pouvoir d’achat élevé, elle occupe une place stratégique dans la mondialisation et doit peser plus.

* IA6 : Taxer les émissions polluantes des transports de marchandises pour favoriser courtes distances et technologies propres

Le transport international produit des émissions de gaz à effet de serre et des polluants nocifs pour la santé humaine et la biodiversité. Afin de les réduire et de favoriser les transports propres employant des énergies renouvelables notamment la propulsion à l'hydrogène dans le cadre du Green deal, l’Union européenne doit : a) investir dans la recherche sur les technologies zéro émission, b) soutenir en Europe la production locale de biens essentiels pour limiter les effets sociaux de cette fiscalité écologique qui pénalise les longues distances, et c) créer une taxe ou redevance au kilomètre parcouru selon le carburant utilisé pour les transports de marchandises internationaux, qu’ils soient terrestres, maritimes ou aériens. Celle-ci pourra être progressive. 

* IA7 : Instaurer un tarif de douane de 7 % sur les importations de l'Union européenne pour financer la relance économique et favoriser la production intérieure  

Afin de simplifier la lutte contre les dumpings commerciaux, sociaux et environnementaux, nous proposons de fixer un taux unique d’accès au marché intérieur de l’Union européenne pour les biens d’importation. Nous proposons un taux de 7%. Les recettes seraient dédiées aux investissements pour la reconstruction de l’économie et au renforcement de la politique de développement. 

* IA8 : Défendre résolument un plan de relance européen écologique et solidaire 

A la suite de l’initiative commune de la France et de l’Allemagne, la Commission européenne a proposé un plan de relance le 27 mai 2020, d’un montant historique de 750 Mds€ à travers un nouvel instrument baptisé Next generation EU. Il viendra s’ajouter au budget européen déjà prévu, le portant ainsi à 1.850 Mds€ sur 7 ans. Ce nouvel instrument sera financé par un emprunt sur les marchés financiers étalé entre 2021 et 2024 (et remboursé entre 2028 et 2058). Nous proposons également de promouvoir une diplomatie européenne du Pacte vert, qui balise la nouvelle stratégie de croissance de l’UE et les mesures à prendre pour faire de l’Europe le premier continent neutre sur le plan climatique d’ici 2050. Il consiste à donner une vision claire du projet politique que l’UE propose au reste du monde, comme le fait la Chine avec sa stratégie de « Nouvelle route de la soie » (Belt and Road initiative).

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